On m’a souvent demandé quelle pédagogie j’allais utiliser pour enseigner aux enfants. Nos 3 « élèves » seront en 5eme, CM2 et CE1.
Il existe de nombreuses propositions de pédagogies alternatives à l’enseignement classique et je trouve intéressant le classement de l’école en 3 types :
- L’école du 1er type est l’école que l’on connaît, où l’enseignant suit un programme, donne des exercices et fait passer régulièrement des évaluations à des élèves regroupés par âge.
- L’école du 2eme type regroupe principalement les pédagogies Freinet et Montessori : l’enfant est acteur de son apprentissage. Il travaille en groupe et par projet.
- L’école du 3eme type est celle fondée par Bernard Collot : l’apprentissage y est informel, il n’y a pas d’horaire, l’enfant apprend naturellement et l’enseignant est là pour l’accompagner, l’aider à développer sa curiosité. L’enfant organise sa journée, son espace, décide de ses projets. Les enfants de tous âges sont mélangés.
J’ai beaucoup échangé avec des parents qui ont fait le choix de l’instruction en famille. Ce choix est souvent fait pour répondre à des besoins spécifiques de leur enfant, lié à un handicap, à des spécificités qui entraient un mal-être chez leur enfant, voir une phobie scolaire. L’école inclusive est un beau projet, mais la réalité est que l’école n’a pas les moyens financiers et humains de le mettre vraiment en place. L’école pour tous n’a pas été conçue pour tous les élèves. La création de la MDPH en 2005, a permis de mettre en place un suivi personnalisé des élèves en situation de handicap et de reconnaître leurs difficultés. Mais chaque année, des milliers de dossiers sont refusés, car les critères ont été revus à la hausse, l’organisme croulant sous les demandes de reconnaissance de handicap. Les AESH (anciens AVS) qui accompagnent les enfants en difficulté scolaire ont un statut mal reconnu, ne sont absolument pas formée, et manquent cruellement dans tous les établissements. Les enseignants, non formés non plus aux besoins spécifiques de certains enfants, font ce qu’ils peuvent avec les moyens qu’on leur donne.
Les enfants à besoins spécifiques représentent tout de même environ 12% de la population infantile. Le programme d’école inclusive a permis cependant d’augmenter de façon importante l’accueil d’enfants à besoins spécifiques en maternelle et primaire, mais il reste beaucoup à faire pour le collège et le lycée.
Plusieurs de nos enfants ont des besoins spécifiques. L’école a été pour chacun d’eux un parcours chaotique. Il a fallu s’accrocher, voir souvent les directeurs et directrices, mettre en place des PPRE, PPS, PPEIP, et autres PP quelque chose. Des noms compliqués pour lister des méthodes d’enseignement spécifique souvent oubliés par les enseignants. Nous avons rencontré des professeurs motivés et prêts à se former pour mieux accompagner, des directeurs dépassés, dans l’abandon, des enseignantes dans le refus total de mettre en place quoique ce soit pour un élève qui doit suivre un point c’est tout, des directrices prêtes à mettre en place des pédagogies nouvelles pour mieux prendre en compte les besoins des élèves, des psychologues débordées par les piles de dossiers à suivre, des AVS qui écrivent moins bien que leur élève de CP, des AVS formidables qui ont gardé contact avec notre enfant… Je pense que bien des parents se retrouvent dans ce que je dis.
Ce parcours du combattant nous l’avons aussi vécu à l’hôpital, quand nous avons cherché de quoi souffrait notre fille. Mais c’est un autre sujet.
Revenons à l’école.
Après ces quelques années d’expérience de parent, il nous paraît évident aujourd’hui que l’enseignement classique ne correspond pas à nos enfants. Il n’y aura donc pas de « cours », de « programme », d’élèves assis pendant une heure à copier le cours, ni même d’évaluation.
Plusieurs points qui me semblent inadaptés dans l’école classique :
- – Pourquoi forcer un enfant à travailler particulièrement la matière dans laquelle il est le moins bon et qu’il apprécie le moins ? Alors qu’il pourrait au contraire travailler celle dans laquelle il est bon pour devenir excellent voir même expert ? Ce principe scolaire a souvent été remis en question par notre enfant EIP qui n’a jamais supporté de travailler des matières pour lesquelles il n’a aucune attirance. Il vivait cela comme un supplice et lui demander de travailler une matière après une mauvaise note pour remonter sa moyenne n’avait pour lui aucun sens. Et s’il avait raison ?
- – Maintenir des enfants assis pendant des heures à recopier des cours est une aberration. Les enfants sont très actifs, plein d’énergie, ils ont besoin de bouger. Les maintenir assis aussi longtemps est contre nature.
- – Les évaluations sont sources de stress et particulièrement chez notre enfant handicapée. Le plaisir d’apprendre est anéanti par cette succession d’interrogations qui, si elles sont ratées, vont participer à la perte de confiance en soi de l’élève.
Je m’inscrirai plutôt dans le courant pédagogique de l’éducation nouvelle, mettant l’enfant au cœur de son apprentissage, utilisant des méthodes actives d’exploration et de coopération.
- Le voyage sera une formidable source d’inspiration et de découverte. L’apprentissage de l’anglais se fera naturellement au fil des besoins. La géographie au fil de la route.
- Le jeu ensuite permettra de retrouver le goût de l’apprentissage en s’amusant.
- Enfin les activités manuelles permettront de développer leur imaginaire et leur créativité.
- Le tout avec une pédagogie positive qui consiste à souligner les réussites et les atouts des enfants, plutôt que les points où ils rencontrent des difficultés et à leur faire travailler les matières qu’ils n’aiment pas.
En croisant d’autres voyageurs amenés à faire l’école à leurs enfants, j’ai découvert le terme de worldschooling qui consiste à mettre la découverte du monde et le respect des autres au cœur des apprentissages. Il est tout à fait possible d’utiliser cette méthode sans voyager.
Le unschooling, est la méthode par laquelle l’enfant apprend par le voyage en fonction de ses envies et de sa curiosité. Cela demande aux parents de savoir lâcher prise et de se servir des opportunités du voyage pour construire des apprentissages.
Le wordschooling correspond mieux à mes enfants. Une de mes filles a grand besoin de repères dans le temps et l’espace. Le vide est source d’angoisses pour elle. Aussi, il est important que j’établisse une sorte de « programme » chaque jour, un rythme régulier, des repères dans un projet où nous allons en perdre beaucoup. Pas simple. Les premiers jours dans le bus ont été sources d’angoisse pour elle car le fait de ne pas savoir quel jour nous allions partir la déstabilisait fortement. Même les jours où je ne sais absolument ni où on sera, ni ce qu’on fera, il faudra trouver quelque chose, un objectif, un jeu.
International Impact soutient des écoles à pédagogie inversée, comme Hubschool 21 située à Paris. Nous avons un partenariat avec Scholavie qui propose de former les enseignants à une éducation positive et a créé des outils pour développer les compétences du bien-être et du vivre ensemble. Ces outils vont être d’une grande aide. Il n’est pas si aisé de perdre les réflexes d’enseignement classique dans lesquels j’ai grandi et d’adopter des méthodes totalement différentes.
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